Néfertari avait l’océan Atlantique pour s’installer au « Pays des Opportunités », mais même en passant de l’ancien au nouveau monde, son amour pour la musique était resté le même et malgré les mésaventures elle était toujours animée par la folle envie de faire découvrir son Art au plus grand nombre.  Si elle avait acquis une certaine notoriété en France, aux Etats-Unis tout était à refaire, même si elle bénéficiait d’une petite notoriété dans la petite sphère des amateurs de Jazz.  Mais pour se faire un nom dans cet univers impitoyable, il fallait qu’elle se démarque des autres artistes et pour cela elle fit le choix de mettre l’accent sur sa singularité, son don pour mêler différentes sonorités.  Décidée à inclure une touche de Blues dans son futur disque, elle pensa immédiatement à Elijah Freeman, le Robert Johnson du XXIe siècle. Le hasard faisant bien les choses, elle avait eu l’occasion de travailler avec ce talentueux Bluesman au cynisme et au flegme légendaire et c’est avec beaucoup d’audace qu’elle fit le choix de le contacter par SMS… le bougre ne fut pas facile à convaincre, d’abord assez réticent à l’idée de perdre du temps en travaillant pour une Rookie presque méconnue chez l’Oncle Sam il finit par céder aux demandes de la franco-égyptienne.

Mais pour faire céder la vieille panthère du Mississipi, la future trentenaire avait dû se déplacer jusqu’aux Hamptons. Ainsi après un petit peu plus d’une heure de transports en commun, une fois arrivée à Southampton, elle s’approcha d’une belle et grande résidence secondaire avec un sac à main et un étui contenant un Oud, célèbre instrument à corde très populaire en Egypte qu’elle maitrisait très bien et qui ferait partie intégrante de son nouveau projet musicale. Sans trop hésiter, elle appuya sur la sonnette située à l’entrée de la majestueuse bâtisse et attendit tranquillement que son hôte vienne lui ouvrir. Il faisait quand même beau pour la saison… tant mieux puisque même en ayant passé plusieurs années à Paris et même en aimant la capitale du fond de son cœur, cette enfant du Sud ne supportait ni le mauvais temps ni le froid.

Soudain une imposante silhouette se dessina derrière la porte d’entrée et finalement le garçon du Delta ouvrit. Presque instinctivement Néfertari esquissa un petit sourire doux et charmant dont elle avait le secret : « Bonjour ! » dit-elle dans sa langue maternelle qu’est le français avant d’utiliser celle de Shakespeare et des Blues Brothers.

« Merci de m’accueillir Elijah ! C’est une belle maison que vous avez là… ça doit être un endroit sympa pour composer ! Enfin bref vous n’avez pas trop changé depuis notre rencontre à Paris haha.. »

Toujours dans l'entrée, celle que l’on surnommait parfois la Pharaonne de Montmartre garda le sourire en attendant que son hôte l’invite à pénétrer dans la bâtisse. Plantée là sur le paillasson elle observait également les mimiques faciales du célèbre musicien nord-américain qui avait l’air encore plus blasé que lors de leur première rencontre. Néanmoins malgré cette allure il n’en restait pas moins un bel homme, dont le physique ne laissait pas indifférent la jeunette.