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Kinsley n’arrive pas à y croire. Elle n’arrive pas à croire la réalité de ces échanges entre lui et elle ; de se convaincre que cela est bien vrai. Kinsley lui en veut. Tellement de revenir comme ça, comme un cheveu sur la soupe, comme si cette dernière année n’avait pas été assez difficile pour elle. Pour elle et son petit cœur qui bat si bien depuis quelques temps maintenant. Qui s’est habitué à cette absence, à ce départ précipité. Kinsley se considère être mieux depuis quelques temps du moins c’est l’impression qu’elle projette car il lui est difficile d’admettre les nombreux problèmes qu’elle a.
Et depuis la réception de ce message texte, Kinsley n’arrive pas à fermer l’œil, elle ne trouve pas le sommeil aussi facilement qu’à l’habitude. Couchée sur ce canapé elle tourne dans les deux sens possibles, considère l’idée de prendre une marche afin de l’aider à s’endormir afin d’être prête et ce, même si Kinsley a précisé ne pas se présenter. Ce qui est un mensonge, bien sûr car elle a besoin de savoir si c’est bien lui. Car elle préfère lui donner l’illusion que cette rencontre, ces retrouvailles, ne se réaliseront pas. Elle-même sait que c’est un mensonge, elle stresse. Il y a une boule qui a commencé à se former au fond de son estomac tandis que les heures défilent et qu’à un moment, Kinsley décide d’enfiler des vêtements. Elle quitte les lieux sur la pointe des pieds, enfile ses chaussures à l’extérieur et commence à se diriger jusqu’à la marina.
À de nombreuses occasions, elle veut faire demi-tour — retournée chez Dexter et se cacher sous les couvertures dans l’espoir de trouver le sommeil, que tout cela est un mauvais rêve, que ce n’est pas sa réalité. Elle réfléchit à cette possibilité dans le simple but de ne pas lui donner raison, de ne pas lui donner plus de pouvoir sur elle. Mais Kinsley continue son chemin, elle s’arrête, pèse le pour et le contre cinq-six fois et à toutes les fois, Kinsley reprend son chemin dans la même direction où se trouve leur endroit. Puis d’un coup, la Mansfield s’arrête et regarde autour d’elle. La marina est tranquille, silencieuse. Dépourvu d’êtres humains à l’exception d’elle et Bart. 6 am indique l’heure sur son téléphone portable. Même avec cette distance entre lui et elle, Kinsley le reconnaît. Elle sait que c’est lui. Il n’y a plus de doute du tout, ce n’est pas une mauvaise blague, c’est bien sa réalité. C’est bien une plaie qui s’ouvre une nouvelle fois face à l’homme qu’elle est incapable de laisser tomber, face à celui à qui elle n’a jamais admis quoi que ce soit. Qu’elle s’est toujours contentée de suivre en tout temps, aveuglée par les sentiments à son égard. « Pourquoi ? » C’est tout ce que Kinsley arrive à prononcer sans que sa voix se brise, sans que cette boule l’empêche de parler. Inconsciemment, ses pas se sont avancés dans sa direction et se sont arrêtés à quelques mètres de lui, sachant qu’au fond, il est mieux d’avoir une distance entre eux. Kinsley attend, elle patiente pour une réponse de sa part, les yeux le foudroyant sur place.

Rien n’a vraiment changé. Son regard parcourt les rues qui défilent à travers la fenêtre de son taxi et tout semble comme s’être figé durant son absence pourtant depuis son retour il se sent comme un étranger dans ces rues qui l’ont vu grandir. Les souvenirs bombardent son esprit alors qu’il observe avec attention un coin de rue, la terrasse d’un café ou encore la ruelle un peu sombre derrière ce club ou il a passé bon nombre de soirée. Dans sa mémoire, elle était là, avec lui dans chacune de ces aventures. Elle a été sa partenaire, celle pour qui la lune ne semblait pas assez précieuse bien qu’il n’ait jamais eu le courage de le lui dire. La gorge nouée, le cœur battant la chamade il règle sa note le Lothbrok sachant que dans quelques minutes il sera face à celle qu’il a abandonné sans la moindre explication. Les mains enfoncées dans les poches de sa veste, Bart avance dans cette marina qu’il connait par cœur, ici les souvenirs sont les meilleurs, ils sont ceux qu’il garde enfoui dans un coin de sa mémoire, ils sont ceux qui lui ont permis de tenir dans ce monde qu’il s’est bâti à contre cœur. Les minutes défilent, trop vite à son gout, il ne sait même pas si elle viendra parce que sa blonde a son caractère, elle est un diamant brut qu’il n’a jamais mérité et qu’il ne méritera sans doute jamais. Appuyé contre la barricade, il fixe les vagues l’air presque impassible, il a vécu le brun des choses qu’il ne souhaiterait à personne, il a encaissé sans broncher pendant des années mais jamais il ne s’est senti aussi nerveux qu’à ce moment précis. Ce parfum, cette odeur, il sait avant même de se retourner qu’elle est là, la douce brise de vent qui souffle à trahi sa présence. Il inspire comme pour se donner du courage et se tourne vers elle « Moi qui pensais que tes premiers mots seraient je te déteste... » il lui sourit comme il l’a toujours fait, comme si rien ne s’était passé « … Bonjour princesse » . Le plus discrètement possible il l’observe, elle est d’une beauté presque irréelle comme toujours, elle a l’air d’aller bien physiquement du moins mais elle est en colère, pleine de rage, il le devine aisément surtout parce que cette fille il la connait par cœur comme elle connait les secrets les plus sombres de son âme. D’un pas assuré, il approche de quelques centimètres plongeant ses yeux marrons dans ceux de la belle « Tu es toujours aussi belle, peut-être plus encore » avoue-t 'il sans détourner le regard. Face à elle, il joue la confiance, il prend ce rôle de mec sûr de lui que rien ni personne ne semble pouvoir déstabiliser alors que son monde a perdu de sa valeur le jour où il s’est envolé pour l’Angleterre la laissant derrière lui. « Tu ne veux pas savoir, ça ne changerait absolument rien, je le sais et tu le sais alors si on passait directement au moment où on rattrape le temps perdu autour d’un café et ou je te dis que tu m’as manqué toi aussi ? » il ne cesse de sourire, de la regarder, de la charmer comme il l’a toujours fait sans pour autant oser la toucher espérant naïvement qu’elle se contente de ces mots et qu’elle oublie son silence.