le stress me tourne autour
façon vautour, j'en mène pas large
mais je sais que t'es avec moi
@Jaejun Kang
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les souliers vernis claquent sur le sol marbré. immense bâtisse comme la mascarade qu’elle abrite. il ne se sentira jamais vraiment chez lui. démonstration écœurante de tout ce qu’il exècre sans jamais s’en défaire vraiment. et lui encore, il se contente faire résonner son pas princier dans un vide vomissant sa richesse.

ce retour n’apaise en rien la culpabilité qui lui colle aux basques. amie toxique qui lui susurre ses démons à l’oreille, langue pointue dans sa nuque, ongles tranchants plantés dans sa chair. main dans une tignasse perdue, il continue sa route, quitte enfin l’espace infini qui le sépare de ses frères et de sa sœur.
comparaison bien habile tant il essaie de combler l’absence qu’il a laissé.
mais rien n’est aisé, il le sait bien. convaincu par l’espoir sans être dupe.

la silhouette consciencieuse d’un frère écrasé par la poigne auquel il a échappé se dessine devant lui. vaste cuisine où ils ne mettent jamais un pieds. sourcils froncés, il le dévisage en silence un instant. pour déchiffrer son angoisse, pour déceler un mécanisme similaire au sien, des rouages qu’il connait trop bien. marqués au fer rouge dans une peau encore bien jeune, il ne pourra jamais s’en défaire.

il rompt l’espace un instant, appuie une main sur le bord d’un évier froid.

- te priver de repos ne rendra pas ton travail plus efficace.

la voix est chaude, il se veut réconfortant. parce qu’il remarque la teinte bleutée sous les pupilles de son jeune frère. parce qu’il le voit happé par un écran qui aspire toujours un peu plus de son âme. il sait bien que c'est son fardeau, celui qu'il lui a forcé dans la bouche. jaejun, lui qui semble de glace mais qui affiche des traits bien mornes, signes traitres d'une fatigue si visible qu'elle ne peut tromper.

regard qui toise encore des doigts qui pianotent.

il ne le reconnait pas mais l’a-t-il déjà vraiment connu ? pour avoir fuit tant d’années, il doit se résigner à l’admettre : ses souvenirs sont bien trop flous pour qu’il puisse les forcer à ressurgir.

quand bien même, pourrait-il en trouver la matière ? lui, autrefois toujours terré dans sa propre prison. hurlant vers quiconque osait s’approcher. s’accrocher.

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@seongjun Kang
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la soirée ne semble jamais s'arrêter. la nuit tombe peu à peu sur la ville et te voilà, seul dans cette cuisine immense. seul dans cette maison, immense.

seul.

l'écran de ton ordinateur pour seule compagnie. elle te convient, pour l'instant. de toute manière, tu ne te sens bien qu'avec toi-même, n'est-ce pas ? personne pour te comprendre, pour savoir ce qu'il se passe au fond de ton esprit. personne pour se rendre réellement compte de l'enfer que tu vis depuis de longues semaines maintenant. peut-être même plusieurs années ?
tu dois terminer ce dossier à tout prix. tu ne peux pas te permettre de repousser l'échéance que tu t'es fixée.

tu ne peux pas te le permettre.
un soupir lourd s'échappe de tes lèvres, tu fermes les yeux quelques instants face à l'écran de ton ordinateur, et tu viens glisser tes doigts dans tes cheveux, les tirants un peu au passage.
tes lunettes sur ton nez, tu essayes de ne pas t'endormir d'épuisement. tu dois tenir encore un peu. tu te lèves lentement, tu pars fouiller le frigo à la recherche d'un verre de jus de fruit. tu te réinstalles derrière ton écran, la lumière piquant tes yeux au-dessus de ton crâne. mais c'est comme ça, et tu dois rester debout encore un peu. ta chambre te semble insupportable, ces derniers temps.

tu pensais être seul, ce soir. ce soir, ou cette nuit ? quelle heure est-il exactement ? tu n'en as absolument aucune idée. tu secoues un peu la tête en entendant des bruits de pas, mais tu ne relèves pas le regard. tu as perdu assez de temps comme ça, tu dois boucler ce dossier et le boucler maintenant.
tu ne te laisseras pas distraire, encore moins par ton frère aîné.

te priver de repos ne rendra pas ton travail plus efficace. tu ne relèves pas la tête vers seongjun. pourquoi le faire, après tout ? tu retiens un petit soupir et tu ne lâches pas ton document du regard. tu te pinces brièvement les lèvres et tu te félicites silencieusement d'avoir mit un pull épais et large. un pull qui renforce ta carrure inexistante. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant. tes dix années d'absence ne te donnent pas le droit de dire quoi que ce soit, seongjun. tu souffles simplement, un soupir las sur les lèvres.

tu relèves tout de même les yeux, quelques secondes plus tard. tu fermes ton ordinateur d'un geste souple. je n'ai pas besoin de tes conseils. tu siffles en l'observant de haut en bas, reniflant presque face à sa silhouette.

qu'est-ce que tu connais du travail, toi, de toute manière ? un anglais las glisse sur tes lèvres, parce que tu n'as pas envie de faire d'effort et de lui parler en coréen. vous êtes en amérique, n'est-ce pas ? vous n'êtes plus en corée.
vous n'êtes plus à seoul.

vous êtes seuls.
tu es seul.

tu te lèves lentement, dans un soupir, pour déposer ton verre vide dans le lave-vaisselle. chaque mouvement est douloureux pour ton corps constamment poussé à bout.

tu m'excuseras. tu souffles en te retrouvant à sa hauteur.
j'ai du travail à terminer.

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@Jaejun Kang
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le frère le fustige d’un regard acerbe. étrangers quand ils se toisent. il a pas compté les années seongjun. elles ont glissées sur lui comme une pommade. voile doucereux pour plus de déni. corps machinal dans une vie de pantin, il a tout ignoré pour pouvoir exister encore. et c’est maintenant qu’il paie le vrai prix.

des pupilles mépris qui lui rappellent encore qu’il n’a pas sa place ici. et pourtant il veut la prendre. sauf qu’il s’était trompé d’histoire. pas d’empire, pas d’or qui dégouline entre ses doigts. juste un héritage, une famille à protéger.
comme il aurait voulu savoir.

mais le ciel se fait nuage au-dessus d’un contact brisé avant l’impact. il laisse les mots acide couler sur ses épaules coupable. mâchoire pourtant serrée quand il les accueille. signe bien traitre qui l’expose à ses tourments.

- ce travail-là, je l’ai assez connu pour avoir eu envie de le fuir.

une langue natale qu’il refoule. il sait garder la cadence. mais le ton est grave, teinté d’une peine qu’il dissimule mal. souvenirs tranchants qui affolent sa myocarde. flash invasif d’une paume contre sa joue. écarlate sur une peau blafarde.

- jaejun. reste s’il-te-plait.

il s’approche. mouvement prudent pour dompter un frère qui l’accable. il le mérite, il en est sûr. venin bien placé qui le touche en plein cœur. il ne saura se justifier, il peut juste essayer. tenter d’offrir une paume salvatrice.

s’il n’a jamais pu supporter demeurer un soutien pour quiconque. il peut le faire pour lui. héritier de la couronne poison d’un royaume macabre. il lui a fourré sur le crâne, les doigts déjà gangrénés. jamais guéri, il peut pourtant l’aider à la porter.

- je suis désolé d’être parti. ça ne change pas le fait que j’ai été à ta place aussi.

pause. déglutition pour dénouer une gorge étau.

- alors, je peux t’aider. tu n’es pas obligé d’essayer de lui ressembler, même si c’est ce qu’il essaie de te faire croire.

il ose parler des mots qu’il redoute. la vérité sera la plus efficace dans cette démarche hasardeuse. Sa ferveur n’est pas à remettre en question. il peut la prouver, marquer d’un sceau sacré la promesse silencieuse qu’il lui a fait.

- est-ce que tu vas bien, au moins ?

il la voit, la couleur violine sous ses yeux. la pupille fragile d’une fatigue ignorée.
il ne saura pas voir une histoire se répéter.

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@seongjun Kang
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ce travail-là, je l'ai assez connu pour avoir eu envie de le fuir. ta langue claque contre ton palet à ces mots. tu fronces un peu les sourcils, l'anglais prends place ? très bien. toi aussi, tu peux parler anglais. il n'est pas le seul à se prêter au petit jeu du multilinguisme. et bien, je t'en prie : fuis le. tu réponds calmement, ne lui offrant pas un regard.
pars donc. encore. pendant combien de temps cette fois ? 10 ans, avant de revenir parce que le regret te bouffe ? ou alors parce que tu manques de thune pour tes voyages ? tu demandes d'un ton froid, fermant ton ordinateur dans un geste agacé. presque énervé. presque.

jaejun. reste s'il-te-plaît. tu te contentes de lever les yeux au ciel, d'avancer vers l'évier. puis finalement, tu déposes le verre sale directement dans le lave-vaisselle. tu es assez grand pour ça. pourquoi, ça te ferait de la peine que je m'en aille ? tu demandes dans un simple soupir. tu fermes les yeux quelques secondes. pourquoi, pourquoi est-ce qu'il vient s'intresser à ta vie, soudainement ?

tu as grandi sans lui.
qui est-il ? hormis cet aîné qui t'a abandonné. je suis désolé d'être parti. ça ne change pas le fait que j'ai été à ta place aussi. tu fronces un peu les sourcils.

alors, je peux t'aider. tu n'es pas obligé d'essayer de lui ressembler, même si c'est ce qu'il essaie de te faire croire. tu t'appuies contre le rebord de l'évier, un soupir agacé sur les lèvres. de quoi il parle ?

qui pense-t-il être aujourd'hui ?
alors quoi ? tu reviens après dix années d'absence, je t'accueilles les bras ouverts et je te laisse encore foutre ma vie en l'air, hyung ? tu siffles, appuyant sur cette formule honorifique. tu as choisi de te barrer. alors maintenant, laisse-moi. et culpabilise dans ton coin si ça te fait plaisir. tu te contentes de lâcher en l'observant de haut en bas, profitant de tes quelques centimètres supplémentaires pour le toiser quelques secondes.

et un soupir t'échappes.
oh, si seulement il savait, ce que tu vis par sa faute. parce qu'en partant, c'est sur toi que votre grand-père a refermé ses griffes.
en partant, il t'a forcé à reprendre ce rôle.

tu n'en as jamais voulu, au fond.
ce rôle, tu ne l'apprécies pas, pas du tout. tu aimerais pouvoir fuir, toi aussi. tu aimerais pouvoir reprendre confiance en toi, agir comme tu le veux. tu aimerais avoir des amis, une vie sociale, vivre comme un jeune homme de vingt-trois ans. soupir sur les lèvres à toutes ces pensées face à ton propre esprit.

est-ce que tu vas bien, au moins ? tu te redresses un peu, t'éloignes simplement de la silhouette de ce frère que tu ne connais pas. tu te pinces les lèvres et tu te contentes de hausser un peu les épaules. on m'a forcé à venir dans une ville que je ne connais pas. un pays dont je m'en branle. ou je parle une langue qui n'est pas ma langue maternelle. je connais personne, cette villa me file la gerbe et ma seule envie, c'est de retourner à séoul. tu siffles en fermant les yeux. mais oui, tout va bien seongjun. tout va parfaitement bien. tu marmonnes en glissant une main dans tes cheveux.
et ce n'est sans doute pas une bonne chose, que de laisser entrevoir une part de la fragilité de ton esprit. mais c'est comme ça, c'est trop tard pour effacer ce que tu viens de dire. tu fronces un peu les sourcils et tu te contentes de récupérer entre tes doigts fins ton ordinateur portable. tu ne veux qu'une chose : te retrouver seul.
même si la solitude te terrifie.

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@Jaejun Kang
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pourquoi, ça te ferait de la peine que je m'en aille ?
il se souvient de la pluie. des gouttes grises collant des mèches sur son visage.
il se souvient.
du visage poupin de jaejun. trop petit pour comprendre. innocence brisée. seongjun a contemplé  un foyer en flammes tout en se refugiant sous un torrent salvateur. liberté chérie, il n’a pas pu éteindre leur incendie. bulle invisible au-dessus de la dynastie poison.

- oui, ça me ferait de la peine.

il a tout tenté. se réfugiant autre part, un autre endroit de son crâne. pour pas y penser parce que ça lui fait trop mal, parce que jaejun ne crache que des vérités.alors quoi ? tu reviens après dix années d'absence, je t'accueilles les bras ouverts et je te laisse encore foutre ma vie en l'air, hyung ?

- je suis désolé de t’avoir fait ça, petit frère. je ne me le pardonnerai jamais.

poignards vibrants dans palpitant crevé. il garde ensuite le silence. nœud qui gonfle sa gorge. il ne se justifiera pas car toute raison serait bien vaine.
jaejun choisit de le toiser, pupilles noires dans les siennes. il redresse le menton. et soudain comme il voit.

tout ce qu’il déteste.

toute la violence sur sa chair, tous ces regards dégueulant de déception. il le voit lui, la source de son malheur, quand il son frère s’articule. pantin qui refuse.
c’est maintenant que tout se réchauffe à l’intérieur. furie dans un regard nouveau. il le sauvera, peu importe le prix. son frère s’éloigne mais seongjun rompt l’espace encore.

- qu’est-ce qui te manque là-bas ? tu n’obtiendras jamais sa reconnaissance, rien ne sera jamais assez même si tu restes enchainé toute ta vie à ses côtés. il continuera à se servir de toi, pour encore gober plus de la richesse que tu lui apportes. tu crois que je ne connais pas ce sentiment ? ou à quel point ça fait mal quand il te rappelle une réunion importante le jour de ton anniversaire sans jamais te le souhaiter ? et que tu espères que ça changera si tu le rends assez fier ?!

sang froid qui s’est perdu. amer regret. il soutient cependant son regard. car il sait que jaejun ne connait pas la douceur. et que des mots violents ne peuvent que faire écho à ce qu’il connait. comme une langue morte qu’il vient de se remémorer.
soupir las. il tends une main qu’il laisse tomber aussitôt.

- seoul me manque aussi, souvent. mais tu cites tout ce que tu détestes, je suis sûr que tu peux faire la même chose pour ce que tu aimes d’ici. et je ne parle pas de l’entreprise, je parle de ce que tu aimes, toi. toi seul.

parce qu’il toise jaejun dans un océan de colère.
en lui tendant une main qu’il ne sait saisir.

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@seongjun Kang
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passer de l'anglais au coréen peut sembler facile. mais c'est une réflexion a part entière dans ton esprit. tu n'as jamais aimé l'anglais, et tu aimes encore moins le parler. mais ici, tu n'as pas le choix. par contre, face à seongjun, tu en as le choix. et c'est le coréen qui prend naturellement le dessus quand il s'agit de parler à ton frère aîné.
lui parler ? tu n'en sais trop rien.

oui, ça me ferait de la peine. tu te contentes d'un haussement d'épaules face au brun. qu'est-ce que ça peut bien te faire ? est-ce que lui, il a pensé à la peine que ça allait te faire, quand il a prit le large ? moi aussi, ça m'a fait de la peine. mais t'en avais rien à foutre. tu marmonnes simplement en croisant tes bras contre ton torse, ne comptant pas t'apaiser pour l'instant. je suis désolé de t'avoir fait ça, petit frère. je ne me le pardonnerai jamais. tu l'observes de haut en bas, les sourcils froncés. ne m'appelle pas comme ça. tu te contentes de siffler. il ne mérite pas de t'appeler de cette manière.

tu te redresses pour l'observer, ne lâchant pas son regard. tu enfonces tes mains dans les poches de ton pantalon et ta langue claque contre ton palais. il te demande comment tu vas. tu ne peux pas t'en empêcher : parce que tu ne vas pas bien. ça saute aux yeux, que ça ne va pas, ici. ce pays te bouffe de l'intérieur et tu ne veux qu'une chose : retrouver ta corée du sud natale. qu’est-ce qui te manque là-bas ? tu n’obtiendras jamais sa reconnaissance, rien ne sera jamais assez même si tu restes enchainé toute ta vie à ses côtés. il continuera à se servir de toi, pour encore gober plus de la richesse que tu lui apportes. tu crois que je ne connais pas ce sentiment ? ou à quel point ça fait mal quand il te rappelle une réunion importante le jour de ton anniversaire sans jamais te le souhaiter ? et que tu espères que ça changera si tu le rends assez fier ?!
tu restes de marbre face à ce frère en colère. il s'est rapproché et tes mains sont de nouveau croisées sur ton torse. tu l'observes de haut en bas, fronçant un peu les sourcils. seoul me manque aussi, souvent. mais tu cites tout ce que tu détestes, je suis sûr que tu peux faire la même chose pour ce que tu aimes d’ici. et je ne parle pas de l’entreprise, je parle de ce que tu aimes, toi. toi seul. ta langue claque contre ton palais. sa main qui s'est évaporé aussitôt tendue dans ta direction.

parce que tu crois qu'il fête mes anniversaires ? tu te contentes de demander, soudainement plus las. tu crois vraiment que mon corps est pas marqué par ces rejets ? tu ajoutes, n'approfondissant pas tes pensées. il n'a pas besoin de savoir. pas besoin de voir réellement les marques laissées là par ce manque de considération. tu soupires un peu. séoul me manque. parler coréen avec tout le monde me manque. la nourriture, les traditions, la façon de vivre. tout me manque. le pays, les paysages... tu marques une pause. eomma me manque. tu te contentes d'ajouter en fronçant les sourcils. arrête de tout ramener à lui. tu siffles. parc que cette fois, il ne fait pas partie de la conversation.
tu l'observes de haut en bas. il n'y a rien que j'aime ici. tu siffles simplement. ni la langue, et encore moins la culture. tu te contentes de renifler en haussant les épaules. tu te retournes un peu, parce que ce poids lourd à tes épaules menace de te faire craquer à chaque instant. tu soupires lentement, glisses une main contre ton visage. la nourriture est dégueulasse. tu marmonnes dans un soupir et tu secoues la tête de gauche à droite. parfois tu aimerais partir, comme seongjun l'a fait. partir sans penser à personne et vivre ta meilleure vie à l'autre bout du monde.

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@Jaejun Kang
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y’a ses sens en alerte et ses pupilles qui toisent un visage qui se ferme. peu d’espoir de le rattraper. il essaye pourtant mais il se débat. griffes dans chair déjà lacérée. il ne saura le récupérer. puisque tout est à perdre que risque-t-il ? il a eu mal il le confesse. synonyme d’un attachement qui persiste, là où reste la douleur d’un abandon réside un sentiment perdu.

- tu l’es pourtant, ton aversion pour moi n’y changera rien.

la peine tort sa bouche. il se veut constant et courageux. lui le lâche constant. jaejun qui reste de marbre devant des paroles impulsives. comme il regrette. mais il le voit lui sous ses traits et sa colère ne jailli que trop quand il imagine le voir.
ce contrôle sur ses épaules dont il a peur. coup dans sa nuque. accusations trompeuse qu’il a bien voulu subir pour sena. tout supporter trop tôt pour tout abandonner trop vite.
miroir de colère face à lui. jaejun plus à même de tout dissimuler. il reconnait là l’enseignement cruel, celui qu’il a oublié, enfermé dans un coin de son crâne. il a tout nié pour moins souffrir. mais ça n’a jamais arrêté d’hurler. il n’a fait qu’ignorer. fait plus de vacarme pour ne rien entendre.

- qu’est-ce que… il t’a fait du mal ?

poing qui se serre. incompréhension, regard inquiet. main qui s’avance vers son frère à nouveau, comme s’il voulait vérifier. mais tout de lui montre ce qu’il a subi tant il reconnait. il veut le protéger, ça lui tort les sens. mais il s’enterre lui-même quand il essaie de se sortir de ce dialogue sourd.

on évoque la maison. on évoque leur mère. un rictus s’affiche sans qu’il ne puisse l’empêcher. comment pourrait-elle lui manquer ? est-elle soudain devenue mère exemplaire ? il ne blâmera pas jaejun pour son attachement. cependant, l’emprise du patriache sur l’être fatigué en face de lui ne témoigne que du désintérêt de la femme pour sa progéniture. il ne peut qu’être naïf et espérer qu’elle l’a protégé davantage.

- on est là nous… ne serait-ce que sena et sejun. tu les aimes, non ?

absence qui explique une naïveté évidente. comme il n’imagine pas le temps qui les a séparé. regard dans des pupilles fatiguées, il glisse ses mains dans les poches de son pantalon.

- tu n’as pas tort pour la nourriture.

lèvres qui s’étirent pour lui qui voudrait pouvoir s’esclaffer avec ce frère qu’il a perdu.

- je suppose que tu rentreras bien assez tôt, alors pourquoi tu n’accueilles pas cette distance comme une opportunité ? rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures…

il baisse la tête. il aimerait parler de ses voyages, lui expliquer à quel point voir d’autre choses l’a éveillé. mais tout ne serait qu’un couteau de plus dans son cœur déjà blessé. alors il se tait. silence qui s’installe à nouveau dans l’immense pièce froide.

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tu l'es pourtant, ton aversion pour moi n'y changera rien. tu fronces un peu les sourcils face à seongjun, l'observant de haut en bas. ta langue claque contre ton palais et tu soupires un peu à ses mots. tu n'es techniquement que mon demi-frère. tu te contentes de répondre avec un léger soupir. tu hausses les épaules, tu veux qu'il te laisse tranquille, maintenant. tu ne veux pas continuer de parler avec lui.
un lourd soupir sur les lèvres.
les mots qui veulent dire bien des choses. tu hausses simplement les épaules.

les marques sur ton corps.
à cause de cet homme. qu'est-ce que... il t'a fait du mal ?

tu penches la tête sur le côté,
et tu te contentes d'un haussement d'épaules.
oui, oui il l'a fait, d'une certaine manière. à qui il n'a pas fait du mal ? tu te contentes de répondre, conscient que tu éclipses le vrai sens de sa question. tu soupires un peu et tu glisses une main dans tes cheveux, les éloignant de ton front.

et ce n'est pas cet homme qui te manque.
c'est la corée, ce sont tes balades dans la forêt. la nourriture. la langue. la culture. votre mère, même si tu vois seongjun tiquer à cette mention. tu soupires un peu. on est là nous... ne serait-ce que sena et sejun. tu les aimes, non ? tu fronces les sourcils à ses mots. tu hausses les épaules à ses mots, soupirant un peu. j'en sais rien. tu te contentes de souffler en te grattant la joue du bout des doigts. tu te mords l'intérieur de la joue. t'as aucune idée du lien que j'ai - ou pas - avec eux. ne t'enfonce pas là-dedans. tu secoues la tête de gauche à droite. tu fermes les yeux quelques secondes.

tu n'as pas tort pour la nourriture. tu secoues lentement la tête, ne sachant pas quoi lui dire de plus. je suppose que tu rentreras bien assez tôt, alors pourquoi tu n'accueilles pas cette distance comme une opportunité ? rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures. tu secoues la tête, soupirant lourdement.
et tu croises tes bras contre ton torse. mais j'en ai pas envie. tu te contentes de répondre en claquant ta langue contre ton palais. t'es pas une généralité, on veut pas tous se barrer au bout du monde en abandonnant tout le monde derrière. tu marmonnes en t'éloignant un peu. tu veux être seul.

tu comprends rien, de toute manière. tu ajoutes en soupirant un peu, haussant les épaules et glissant tes doigts contre ton visage.
non il ne comprend pas.
il ne le fait jamais.
il ne te connaît pas.

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tu n'es techniquement que mon demi-frère

ça le transperce trop vite, trop fort. il reste plus rien du palpitant qui espérait. ô comme il n’y pense jamais. à cette différence. témoin hémoglobine de ce qui les sépare.
une infinité de plus.
moue grimace quand il le toise soudain. facile de détester jaejun pourtant il n’en trouvera jamais la faiblesse. lui, il s’accrochera à ses souffrances pour qu’il l’accepte.
se brûlera les phalanges sur ses paroles tisons.

et il pleure à l’intérieur seongjun quand ce frère mets sa voix sur ce qu’il sait déjà. un poing se serre, sang qui bouillonne. pas de place pour les doutes.
sujet qui dérive. une évidence pour ce grand frère absent, bien sûr qu’il les aime.
et pourtant tout s’étiole et se confond. on le repousse encore, on se morfond. la voix rauque qui se casse un peu.

- tu as raison, j’en ai aucune idée. mais on est frères et sœurs. y’a rien qui peut changer ça. pas le chaos de cette vie, même pas notre sang. est-ce que c'est si important pour toi ?,

il s’improvise poète quand il parle depuis son palpitant. il a tenté une trève. propose des alternatives pas vraiment parlantes. il ne rencontre encore que l’amertume de celui à qui il déplait.
il y a bien longtemps qu’il n’a pas autant lutté pour se faire aimer d’un autre.

- si j’avais pu ne pas choisir je l’aurais fait. jaejun, tu es bien placé pour comprendre pourquoi je suis parti. je veux juste.. je veux rattraper le temps perdu.

il soupire, pression dans la voix. non, il ne comprends rien. il a raison. jaejun c'est ce petit frère qu'il aime à en perdre son âme. c'est celui qu'il a laissé voler seul et se brûler sans secours. et pour tout ça, il est prêt à en payer le prix. damné volontaire quand l'occasion le fera victime. il souffrira cents fois pour un demi pardon sous sa langue acide.

- à l’époque j’ai cru que c’était la seule solution, partir. le plus loin possible. je n’ai pensé à rien. mais sache que si c’était à refaire, je resterais.

il se mords la lèvre. il aurait pris le poids, aurait supporté qu’on l’écrase.
toujours un peu plus fort. soulier chromé sur sa tempe, vision vieillie d'un patriarche carnassier. il aurait suffoqué, lippes dans la boue.
jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de lui.

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@seongjun Kang
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des frères. de la poussière. pas foutus de tous avoir un père en commun. pas foutus de tous vous ressembler et de partager des choses. tu n'en sais plus rien, de si tu le considères comme un frère ou s'il ne reste que ce demi-frère fuyard, celui qui t'a abandonné il y a tant d'années déjà. soupir las sur tes lèvres, tu secoues la tête de gauche à droite. tu veux que tout ça cesse.
la conversation.
cette mascarade.

tu veux rentrer.

tu as raison, j'en ai aucune idée. mais on est frères et sœurs y'a rien qui peut changer ça. pas le chaos de cette vie, même pas notre sang. est-ce que c'est si important pour toi ? tu déglutis lentement, tu fronces les sourcils de longues secondes. il ne comprend pas. ce n'est pas le sang, ce ne sont pas vos pères tous différents. c'est ce lien qui n'a jamais existé, cette compétition constante, la dégoût d'un grand-père et l'abandon quasi-constant d'une mère. alors pourquoi quand j'étais en cours et à l'univ, les frères et sœurs s'entendaient, partageaient des trucs ensemble, seongjun ? tu siffles simplement. tes épaules sont lourdes, tu n'aimes pas te rappeler toutes ces discussions, celles auxquelles tu ne participais jamais. pourquoi j'étais toujours le seul con à répondre que bah non, mon aîné, je le connais plus parce qu'il a décidé de se barrer à l'autre bout du monde. et que bah non, je partage rien avec ma sœur non plus. tu soupires lourdement. c'est compliqué la famille.
mais chez vous, c'est encore pire.
et tu ne parles pas de sejun, parce que sejun ... c'est ton étoile. une part toute entière de ta vie. c'est pas pareil avec sejun. on était tellement proche tous les deux. le passé qui fait mal, le passé qui blesse et qui te fais fermer les yeux pour ne pas craquer. et j'ai tout gâché... ta voix se meurt, tu n'es pas certain que seongjun et pu tout entendre de cette phrase.

si j'avais pu ne pas choisir je l'aurais fait. jaejun, tu es bien placé pour comprendre pourquoi je suis parti. je veux juste... je veux rattraper le temps perdu. épaules tendues, encore et encore. parce que non, tu ne comprends pas. non, tu n'arrives pas à comprendre pourquoi il a décidé de partir. non. tu réponds dans un lourd soupir.
non à quoi ? rattraper tout ce temps qui vous a filé entre les doigts ?
tu n'en sais rien. à l'époque j'ai cru que c'était la seule solution, partir. le plus loin possible. je n'ai pensé à rien, mais sache que si c'était à refaire, je resterais. tu lèves les yeux au ciel. regard fatigué porté sur cet aîné.

tu es en colère, depuis toutes ces années, contre seongjun. non j'comprends pas comment t'as pu faire ça, seongjun. parce que j'en chie, avec ce connard. mais jamais j'ai envisagé de partir. tu siffles à voix basse. comme si quelqu'un pouvait vous surprendre à tout instant. parce que j'aurais jamais supporté l'idée que le paternel s'en prenne ensuite à sejun. te sacrifier pour sauver ce frère si précieux.

et moi si c'était à refaire, je me foutrais en l'air seongjun. mais on ne peut malheureusement pas remonter le temps, alors arrête avec tes regrets stupides et tes excuses. tu changeras jamais ça. tu ajoutes, las, glissant tes deux mains contre ton visage. et toi, toi qui dois être si fort et présent le jour, tu as l'impression de redevenir un enfant sans protection la nuit.
ta seule défense, c'est d'attaquer, de blesser, d'éloigner les gens un peu plus encore de toi.
peu importe à quel point ça puisse te toucher.
parce que seongjun, quoique tu puisses dire, il restera à jamais ton frère, plus que quiconque.