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tes pensées ne sont qu'un tourbillon vague de souvenirs. tu soupires lentement, fixes le plafond de cette chambre qu'il n'est pas la tienne. murs blancs et froids. cartons pas encore totalement défaits dans un coin de la pièce. tu n'es pas à la maison, ici. et rentrer à la maison, c'est tout ce que tu souhaites pour l'instant.
ton regard qui vagabonde, tu fronces un peu les sourcils en remarquant sur ton bureau le chargeur de téléphone. pas le tiens. celui que tu as emprunté à sejun il y a quelques jours déjà. bordel sans nom qui résume bien l'idée de tes pensées. tu secoues la tête de gauche à droite.

tu devrais le lui rendre.
mais comment communiquer avec ton petit frère ?

ça te sert le cœur, ton regard se fixe sur un carton en particulier. tout un bazar d'affaires de séoul. des bêtises que tu gardes depuis des années et des années. tu n'as jamais pu te résoudre à jeter ces souvenirs d'enfants, ni-même à les laisser dans le grenier de la maison familiale de séoul.
un soupir t'échappe lentement.

c'est douloureusement que tu te lèves. corps épuisé, tiraillé de par la manière dont tu le pousses à bout. jusqu'à quand va-t-il tenir ? tu t'étires lentement, tu attrapes un pull que tu enfiles dans l'espoir de camoufler les kilos manquant à ta silhouette. soupir sur les lippes.
tes doigts fins qui s'enroulent autour du câble. est-ce là le dernier lien avec ton jeune frère ? tu secoues un peu la tête de gauche à droite. et tes pas te mènent dans cette maison trop grande, trop vide. et parfois même trop animée.

porte poussée avec délicatesse. sejun ? tu appelles lentement. mais pas de réponse. tu soupires un peu.
tu ferais mieux de revenir plus tard, attendre que sejun rentre de l'université. il ne devrait plus tarder, vu l'heure. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant. ce n'est qu'un chargeur, tu peux le laisser sur son bureau, pas vrai ? c'est si compliqué de communiquer. tu te grattes la joue quelques secondes et tu t'avances dans l'antre de ce cadet délaissé. tes doigts effleurent le bois brute du bureau et tu déposes l'objet sur le bureau.

et ton regard,
ton regard attiré par cette boite.
tu ne devrais pas, tu devrais sortir, ne pas rester là, ne pas attendre qu'il arrive et te surprenne. tu fronces un peu les sourcils et tes doigts viennent effleurer, dans cette boite qui ne t'appartient pas, cette vieille carte d'enfant. ton cœur se serre, tu fermes les yeux. pourquoi est-ce que ça fait mal ?

pourquoi t'es — tu sursautes presque, pris la main dans le sac. tu fronces un peu les sourcils. tu — fais quoi ?
tu reposes la carte là ou tu l'as prise et tu te pinces brièvement les lèvres. je ... désolé. tu murmures en t'éloignant un peu. tu désignes le chargeur. c'est à toi, je, je l'avais toujours. tu murmures simplement avec un petit soupir. tu secoues la tête. je voulais pas fouiller, j'ai juste ... vu. tu murmures lentement en glissant une main contre ton visage.
tu ferais mieux de partir.

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fuir, fuir le plus vite possible. tu ne devrais pas être ici. tu ne devrais pas t'attarder. tu ne veux pas le faire parce que tu étouffes. l'univers de ton frère n'est pas le tiens et ce n'est qu'un détail de plus qui vous sépare encore et encore.
tu étouffes,
face à tous ces souvenirs.

tu veux pleurer.

ressentir quelque chose. savoir mettre un mot dessus. et oh, te voilà pris en flagrant délit. c'était pas — en évidence. tu fixes le sol quelques secondes. il a raison, n'est-ce pas ? il a raison. carte que tu reposes à sa place.

et la tornade se lève, sejun qui s'avance. t'étais pas censé voir. tu l'observes récupérer ce trésor précieux. il l'est à tes yeux aussi. mais te voilà incapable de dire quoi que ce soit.
incapable de montrer l'étendue de tes émotions. bon sang, c'est trop, trop pour tes épaules. tu ne peux pas affronter ça.
incapable de communiquer. je suis désolé.
tu continues de souffler inutilement.

tu ne voulais pas blesser,
ce frère précieux que tu as toujours aimé.

je pouvais pas la jeter.
tu le lui avais donné, fier comme un paon, de pouvoir te l'acheter tout seul. et voilà, voilà qu'elle ronge ton cœur à présent, cette foutue carte. ça se bouscule dans ton esprit, tes maigres épaulent se contractent. pourquoi es-tu comme ça ? incapable de - incapable de l'aimer ?

j... j'ai des trucs de séoul, moi aussi. tes mots se bousculent presque sur tes lèvres. l'anglais, le coréen, tout semble trop compliqué à maîtriser. tu fermes les yeux un instant, geignant tout bas. sejun. ce n'est qu'un murmure. tu veux, tu veux le prendre dans tes bras.
tu veux remonter le temps.

tu veux,
tu veux tellement lui chuchoter que tout ira bien,
et que tu es désolé.
oh, tellement désolé. d'avoir été un mauvais aîné.

pardonne-moi. mais, de quoi exactement ? de ces longues années ? de ce malaise ?
ce n'est qu'une carte, après tout.
mais elle signifie tant à tes yeux. tu n'as jamais oublié.
et ça fait mal de se souvenir comme ça, soudainement. ça éclate le myocarde et ça bouffe l'esprit.